Vous les trouvez pratiques, les cartes de crédit ? Elles ont en effet certains avantages. Mais gare à celui qui n’en paie pas le solde en entier dans le délai prescrit…
Il faut l’avouer, les cartes de crédit sont utiles. D’abord, elles permettent d’effectuer des achats partout, jusqu’à une certaine limite préétablie. Elles facilitent les achats sur Internet et la location de voiture. Des avantages y sont parfois associés. En cas de vol, la responsabilité du consommateur est limitée à 50 $. Et si on paie chaque mois le solde en entier, on n’a pas un sou d’intérêt à payer. Mais elles ont aussi un inconvénient, et il est de taille : à ceux qui ne paient pas leur solde en entier chaque mois, ou qui empruntent de l’argent en effectuant des avances de fonds sur leur carte de crédit, elles coûtent cher, très cher.
Au sujet du taux d’intérêt
D’abord, c’est le taux d’intérêt des cartes de crédit qui cause problème. Au moment d’écrire ces lignes, il allait jusqu’à 18,9 % (parfois même plus) pour les cartes émises par les institutions financières, et de 24 % à 28,8 % pour les cartes émises par les grands magasins et les compagnies pétrolières. C’est énorme. D’autant que le taux directeur de la Banque du Canada, lui, a rarement été aussi bas.
Des rabais illusoires
Vous croyez que les cartes à taux réduit peuvent être une bonne solution ? Cela est possible si vous avez un solde impayé que vous n’arriverez pas à rembourser avant plusieurs mois. Pour évaluer votre situation, tenez compte du solde que vous avez à payer, du temps que vous mettrez à le rembourser en entier, et des frais à payer pour l’obtention d’une telle carte. Vous voulez plutôt bénéficier d’une nouvelle carte dont le taux d’intérêt de lancement est peu élevé ? Vérifiez pendant combien de temps vous bénéficierez de ce taux réduit, et demandez-vous ce qui se produira lorsque le délai sera écoulé. Demandez-vous également si le fait d’avoir en main cette nouvelle carte ne vous amènera pas à dépenser davantage.
Des cadeaux empoisonnés
Juste avant les Fêtes, peut-être l’entreprise émettrice de votre carte de crédit vous a-t-elle offert de ne pas effectuer votre paiement minimum. Peut-être aussi vous a-t-elle proposé de hausser votre limite de crédit, histoire de vous permettre d’acheter tout ce qui vous tente… ou presque. Il s’agit évidemment de cadeaux empoisonnés. Ne l’oubliez pas : des frais d’intérêt seront demandés sur le paiement que vous n’aurez pas effectué. Et si vous dépensez plus que vous n’en avez les moyens, peut-être ne parviendrez-vous pas à rembourser tout votre solde en janvier. Finalement, ce n’est pas vous qui tirerez avantage de la situation, mais bien l’entreprise émettrice de votre carte de crédit, en empochant les intérêts.
Un manque criant d’information
Les consommateurs sont-ils au courant de tout cela ? Selon un sondage Léger Marketing / Presse canadienne réalisé en 2001 et intitulé « Les Canadiens et les cartes de crédit », ils sont au contraire fort mal informés, puisque quatre détenteurs de carte(s) de crédit sur dix ignorent même le taux d’intérêt qu’ils paient. Les résultats préliminaires d’une étude réalisée en 2004 par des chercheurs de l’Université Laval auprès de jeunes de 18 à 29 ans vont dans le même sens. Ainsi, 45,3 % des jeunes ignorent que, s’ils ne paient que le minimum indiqué sur le relevé de leur carte de crédit, des frais d’intérêt leur seront facturés. Et 42,6 % d’entre eux ignorent que, lorsqu’ils utilisent leur carte de crédit pour obtenir une avance de fonds, des intérêts leur sont demandés à compter du jour du retrait.
Pour conclure
Il faut bien se l’avouer, en fin de compte, il n’y a que les institutions financières et les entreprises qui tirent vraiment profit de l’utilisation des cartes de crédit par les consommateurs. Les chiffres ont d’ailleurs de quoi surprendre. Selon l’Association des banquiers canadiens, en 2003, il y avait un solde impayé sur 22,2 millions des 50,4 millions de cartes Visa et MasterCard en circulation. Et ces soldes impayés totalisaient la somme de 49,8 milliards de dollars. Voilà qui illustre bien pourquoi les associations de consommateurs invitent les gens à la prudence lors de l’utilisation de leur carte de crédit.