Budget provincial et rapport Godbout : de bien mauvais augures

Gatineau, le 23 mars 2015 – Alors que depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement n’a cessé de sabrer partout, sans trop se soucier d’épargner les plus démunis, l’Association coopérative d’économie familiale de l’Outaouais (ACEFO) et son homologue provincial, la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ), craignent le pire quant au budget qui sera déposé cette semaine.

Le gouvernement parle « d’équilibrer » le budget alors qu’en vérité, il ne fait que transférer le fardeau à d’autres instances (p. ex. municipales, commissions scolaires, etc.), mais surtout aux particuliers en multipliant les frais aux malades tout en les privant de soins, en coupant les services et prestations aux plus démunis ou encore en augmentant des tarifs, tels que frais de garde pour les jeunes familles ou la hausse de la taxe sur l’assurance auto.

Les propositions de Luc Godbout méritent d’être étudiées et débattues et certaines idées semblent intéressantes, comme taxer les voitures de luxe, faire le ménage dans de vieilles mesures fiscales désuètes et étaler les impôts en davantage de paliers. Le scepticisme est par contre de mise lorsque qu’on affirme que les mesures présentées par la Commission d’examen sur la fiscalité peuvent être implantées sans que la classe moyenne et les ménages n’en pâtissent.

Il est nécessaire de rappeler que les tarifs et taxes s’appliquent également à tous les ménages peu importe leur revenu. Or, rappelle René Coignaud, directeur de l’ACEFO, « la proportion du revenu d’un ménage de la classe moyenne qui sert à acquitter la facture d’hydro ou les biens de consommation courants, tels que l’alimentation, est beaucoup plus élevée que chez les ménages riches ». « Dans le cas précis de l’électricité, il faut également souligner que les ménages à faible revenu possèdent souvent des maisons mal isolées », ajoute-t-il.

En termes de gestion d’un budget familial, il est d’ailleurs beaucoup plus aisé pour les salariés de voir une partie de leur salaire déduit automatiquement de leur paie que de devoir assumer des tarifs ici et là ou de nouvelles hausse de taxes dans leur quotidien, selon l’expérience qu’en a l’ACEFO.

Par ailleurs, Eloï Bureau, coordonnateur de la CACQ, s’explique mal la nécessité d’opérer cette véritable révolution tarifaire qui rendrait la fiscalité québécoise moins progressive: « On ne se cache même pas du fait que cette révolution tarifaire n’apporte pas un sou de plus à l’État, n’aide en rien à maintenir l’équilibre budgétaire. Elle consiste à peu de chose près en un basculement de notre fiscalité progressive vers des taxes et tarifs régressifs ».

À trois jours du dépôt du budget provincial, les associations de consommateurs membres de la CACQ espèrent que le gouvernement tiendra compte de leur expertise et analyse en déposant un budget qui ne soit pas à teneur austère.